Métaphysique du jardin à la française

Une nouvelle perspective

« L’auteur de  « Le jardin à la française et la métaphysique au XVIIème siècle », Allen S. Weiss ,  enseigne à la New York University (…) Il a jeté son dévolu sur trois jardins qui font l’orgueil du génie français : Vaux-le-Vicomte, Versailles et Chantilly (…) Mais qu’apporte-t-il donc de plus à ceux qui ont déjà lu et apprécié la somme de Michel Baridon chez Bouquins ? Une autre perspective, c’est le cas de le dire. Son prisme : rien moins que la nostalgie théologique de Pascal et la mathématisation métaphysique de Descartes (…)

En s’en armant, telles des légendes et des symboles, il parvient, entre autres conclusions, à l’affirmation selon laquelle, contrairement à une idée reçue, Vaux-le-Vicomte, perfection destinée au surintendant des finances Fouquet et qui signera sa disgrâce et sa fin (un crime de lèse-splendeur à l’endroit du Roi que nul mieux que Paul Morand n’a traité dans son Fouquet ou le Soleil offusqué), ne fut pas le brouillon de Versailles mais l’acmé de l’art de Le Nôtre, parfait point d’équilibre en son temps entre baroque et classique, le premier étant perçu comme synonyme de mouvement et de dynamisme (…)

Allen S. Weiss montre que le jardin à la française s’est construit contre la nature (…) Echafaudée selon des formules mathématiques, la perspective de ces jardins dissimulerait rien moins qu’une métaphysique. Quelque chose de l’ordre d’un palimpseste à qui saurait le lire. Ce n’est pas de l’Histoire pour de l’Histoire car l’auteur veut voir l’origine de notre modernité dans les fantasmes qui naissent de nos promenades dans ces jardins. Qui saura désormais s’y promener sans y penser ? Un seul regret à l’issue de cette lecture : le caractère un peu succinct de la démonstration. Deux cents pages de plus ne seraient pas de refus pour emporter l’adhésion. »

passouline.blog.lemonde.fr – 21/08/12

(« Jardins à la française à Vaux-le-Vicomte, Versailles et Chantilly », photos D.R.)

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