
Commandé durant l’hiver 1782–1783 par la reine Marie-Antoinette, le hameau s’inspire des écrits de Rousseau et des idées des physiocrates. Sur le plan artistique, son architecte, Richard Mique, s’inspire des dessins du peintre Hubert Robert et du hameau de Chantilly.
Autour d’un étang artificiel pour la pêche, dans la partie nord des jardins, aux abords du Petit Trianon et dans le prolongement du jardin anglais, Richard Mique s’inspira de la chaumière aux coquillages de Rambouillet et des fabriques de « Mesdames Tantes » du château de Bellevue conçues deux ans avant le Hameau de la Reine.
D’inspiration normande ou flamande, les façades des chaumières à pans de bois du Hameau sont l’oeuvre des entrepreneurs Tolède et Dardignac. Les murs imitent la vieille brique, la pierre effritée et le bois vermoulu, avec lézardes et crépis tombants. Décorées de vigne vierge, ces chaumières étaient agrémentées de pots de faïence, remplis de fleurs variées.
Pour avoir une idée de la décoration intérieure d’origine, dont il ne reste rien, il faut se reporter à la chaumière aux coquillages commandée par la princesse de Lamballe à Rambouillet.
Le Hameau compte douze chaumières dont deux ont été détruites, la grange et la laiterie de préparation :
1. Ferme
2. Laiterie de propreté
3. Tour de Marlborough
4. Ancienne laiterie de préparation
5. Ancienne grange (transformée en salle de bal et carrelée en 1789)
6. Maison du garde
7. Colombier
8. Maison du billard (réservée à l’usage de la Reine)
9. Maison de la Reine (réservée à l’usage la Reine)
10. Réchauffoir
11. Boudoir (réservée à l’usage la Reine)
12. Moulin (à destination des invités)
Par ailleurs, l’architecte crée un lac et le relie à la rivière « anglaise » qu’il a créée pour Trianon. Sur son bord, se dresse la tour de Marlborough. Au pied de la tour, un embarcadère permet d’accoster des barques et de pêcher à la ligne des carpes et des brochets.
Campagnes de restaurations
A l’origine, le hameau n’est pas fait pour durer. Mique a tout posé à même le sol des marais versaillais mal asséchés. Résultat : 90 % d’humidité dans chaque pièce, une catastrophe pour la conservation du mobilier et des fabriques, constructions éphémères, qui se dégradent. Abandonné après la Révolution française, le hameau fait l’objet de quatre campagnes majeures de restauration.
- Première compagne de restauration : 1810-12
De 1810 à 1812 à l’instigation de Napoléon, le hameau est préservé de la destruction et remeublé à partir de 1810 par Jacob-Desmalter. Les travaux de restauration sont conduits par l’architecte Guillaume Trepsat.
La grange, la laiterie de préparation et la moitié de la ferme, très endommagées et dont la reconstruction est jugée trop coûteuse, sont en revanche détruites.
Les potagers, complètement envahis par la végétation, sont remplacés par de simples pelouses. Les peintres conservent le principe de trompe-l’œil simulant la décrépitude des extérieurs. Certaines maisonnettes sont même renommées : la maison de la Reine devient maison du seigneur, le colombier, maison curiale.
Une fois le Hameau restauré, Napoléon Ier l’offre à sa seconde et jeune épouse, l’Impératrice Marie-Louise d’Autriche. Le geste est symbolique puisque Marie-Louise n’est autre que la petite nièce de Marie-Antoinette.
- Deuxième campagne de restauration : années 30
Dans les années 30 grâce au mécénat de John Rockefeller Jr dans les années 1930. Menés par l’architecte Patrice Bonnet, les travaux de restauration sont parfois contestés. Les jardinets sont néanmoins restitués et les anciens bâtiments détruits sont grossièrement matérialisés au sol par des parpaings.
- Troisième campagne de restauration : années 90
A partir des années 1990 avant son ouverture au public en 2006 au sein d’un espace nommé Domaine de Marie-Antoinette. Les archives sont en effet bien conservées, en particulier les mémoires des entrepreneurs sur les rénovations successives. À la fin du xxe siècle, la ferme du hameau de la Reine est concédée à l’association Assistance aux animaux qui s’occupe de sa restauration, et une ferme pédagogique y est implantée, avec près de 150 animaux. Le moulin, quant à lui, bénéficie du mécénat de la société Peugeot
- Quatrième campagne de restauration : 2015-18
Entre 2015 et 2018, la Maison de la Reine et le réchauffoir bénéficient d’une importante restauration. Les opérations engagées portent à la fois sur un assainissement des ouvrages et sur une restauration complète des structures maçonnées, des charpentes et des couvertures. La restitution des décors intérieurs et le remeublement de la Maison comptent parmi les aspects les plus spectaculaires de cette restauration.
Le remeublement consiste à rassembler les objets d’origine commandés pour la Maison de la Reine. Les meubles choisis par Marie-Antoinette sont dispersés pendant la Révolution, ce sont donc ceux commandés pour l’Impératrice Marie-Louise en 1810 qui reprennent aujourd’hui leur place dans la Maison de la Reine.
Le style des meubles et des décors de Marie-Louise reste assez proche de celui de Marie-Antoinette. Si l’antiquité est davantage présente dans les décors de Marie-Louise, une grande élégance caractérise ces deux styles. Le grand salon jaune, pièce centrale de la Maison de la Reine, illustre parfaitement l’élégance impériale de l’époque de Marie-Louise.
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