
Dieu grec du chant, de la musique et de la poésie, des purifications et de la guérison, Apollon est également connu comme Phœbus ou Phébus, « le brillant ». Même si à l’origine Hélios est le dieu du soleil, Apollon le supplante dans cette fonction au Moyen Âge puis à l’époque moderne.
Un dieu irritable
Peu après la naissance d’Apollon, Apollon se voit remettre par Zeus un char tiré par des cygnes. A Crisa, près de Delphes, il tue le serpent femelle, enfant de Gaïa, qui garde les lieux. Aidé de sa sœur, Artemis, il élimine Tityos, qui a tenté de s’en prendre à sa mère. Toujours avec Artémis, il massacre de ses flèches les fils et filles de Niobé ont osé se moquer de sa mère. Il fait périr les Aloades quand ceux-ci entreprennent d’escalader l’Olympe et de défier les dieux et écorche vivant le satyre Marsyas, amateur de flûte, qui lui a lancé un défi musical.
Un dieu beau et amoureux
Réputé pour sa grande beauté, Apollon s’éprend facilement. Parmi ses nombreux amours, on compte la nymphe Cyrène, de Marpessa, la nymphe Daphné, de Coronis, la princesse troyenne Cassandre, fille du roi Priam. Apollon est aussi le dieu qui compte le plus d’aventures avec des jeunes garçons : Hyacinthe, Cyparisse, Hyménaios, Hélénos, Carnos, fils de Zeus et d’Europe, Leucatas ou encore Branchos.
Sous Louis XIV
La référence au soleil, image du droit divin, préexiste au règne de Louis XIV : ses prédécesseurs proches ou lointains, comme Charles VI, Louis XI, Henri IV et Louis XIII, l’avaient déjà adoptée.
Sous le règne de Louis XIV, le thème apollinien apparaît au Carnaval de 1653, après la victoire royale sur la Fronde, dans le Ballet royal de la Nuit. Le roi y apparaît pour la première fois en Apollon.
Les ténèbres se réfèrent à la Fronde, qui, pendant près de six ans, avait troublé le royaume et mis en péril la monarchie, tandis que le retour de l’astre lumineux célèbre la fin du cauchemar scellée par l’entrée du roi dans Paris en 1652. Le poète Benserade met alors ces vers dans la bouche du roi :
Sur la cime des monts commençant d’éclairer
Je commence déjà de me faire admirer.
Je ne suis guère avant dans ma vaste carrière ;
Je viens rendre aux objets la forme et la couleur ;
Et qui ne voudrait pas avouer ma lumière
Sentira ma chaleur.Déjà seul je conduis mes chevaux lumineux,
Qui traînent la splendeur et l’éclat après eux.
Une divine main m’en remis les rênes ;
Une grande déesse a soutenu mes droits.
Nous avons la même gloire : elle est l’astre des reine,
Je suis l’astre des rois.
Dans le ballet « Hercule Amoureux ou le mariage d’Hercule« , d’après Francesco Butti, Isaac de Benserade, Pier Francesco Cavalli et Jean-Baptiste Lully, donné en février 1662 pour célébrer les noces du roi avec Marie-Thérèse en présence de tous les ministres étrangers, Le Soleil est une nouvelle fois interprété par le monarque.
En juin de la même année, l’assimilation du roi au Soleil franchit un pas supplémentaire lors du célèbre « Grand carrousel » — spectacle équestre donné dans la cour des Tuileries pour célébrer la naissance du dauphin.
Le thème solaire structure également les fêtes monarchiques de 1664 (Plaisirs de l’Isle enchantée) et 1668. Les représentations d’Apollon se multiplient avec la galerie d’Apollon, au Louvre, œuvre du décorateur et peintre Charles Le Brun, au château de Versailles, avec le salon d’Apollon, ou salle du trône, réservé à la réception des ambassadeurs. En 1665, douze tapisseries représentent les principales résidences royales assimilées aux « Douze maisons du Soleil ». En savoir +
Dans les jardins
La figure d’Apollon est également très présente dans les jardins. L’axe nord-sud évoque la vie d’Apollon, depuis le bassin du Dragon jusqu’à la grotte de Téthys, détruite sous Louis XIV. Cet itinéraire, placé sous le signe de l’eau, se continue, de l’autre côté du château, par les parterres qui conduisent à la terrasse d’où l’on découvre l’Orangerie comparée par Jean de La Fontaine au Jardin des Hespérides. C’est là que le mythe apollinien rejoint le mythe d’Hercule. L’axe est-ouest célèbre Apollon solaire de son enfance errante, depuis le bassin de Latone jusqu’à son lever triomphal, le bassin d’Apollon montrant la dieu en train de sortir de l’eau sur un char tiré par des chevaux.
Mais à partir de 1678, le roi victorieux à Nimègue décide de préparer Versailles pour accueillir la cour et le gouvernement et en faire le centre du royaume : la construction de l’aile nord du château entraîne la destruction de la grotte de Téthys tandis que l’iconographie s’ouvre à d’autres figures mythologiques avant d’opter pour des représentations réalistes.
Ce groupe n’est pas sans évoquer Neptune en raison de la présence des tritons et des chevaux que ce dieu est réputé avoir créé. Dans « Code Versailles : le château et les jardins décryptés », Didier Coilhac relève le lien très étroit qui associe Apollon et Neptune.
Bassin d’Apollon dans les jardins
Bassin de Latone (Apollon enfant) dans les jardins
Bosquet des Bains d’Apollon dans les jardins
Grotte de Téthys (Détruite pour laisser place à l’aile nord du château) dans les jardins
Statues d’Apollon dans les jardins
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En façade
Statue d’Apollon en façade du château
Très grand trophée d’armes sur façade
Trophée d’Apollon sur façade
Au château
Portrait mythologique de la famille de Louis XIV – Salon de l’Œil-de-Bœuf
Sur la thématique du Bassin d’Apollon
Le char d’Apollon – Salon d’Apollon
Louis XIV en Apollon conduisant le char du Soleil – Salles du XVIIe siècle
Sur la thématique de la Grotte de Téthys et du Bosquet des Bains d’Apollon
Apollon au milieu des Grâces et des Muses
Sur la thématique du Bassin du Dragon et du Bosquet de l’Arc de triomphe
Louis XIV en Apollon triomphant du serpent Python
Apollon vainqueur du serpent Python
Autres représentations
Apollon et la Sibylle de Cumes
Apollon couronné par la Victoire – Grand Trianon, bâtiment Nord petit appartement Empereur
Apollon et Mercure – 1688, Musée du Château, Versailles