Démodé avant la fin de la royauté
L’atmosphère était trop oppressante, la volonté de tout maîtriser, tout contrôler, frisait la folie. Tout était trop précis, trop réglé, trop encadré. En un mot, trop inhumain. A force, l’idéalisation de la raison et de la volonté a fini par fatiguer et révulser. C’était inévitable. Si nul ne peut dire précisément quand l’idéal Versaillais a commencé à montrer des signes de faiblesses et décliner, Louis XIV a sans doute été le premier à manifester une certaine lassitude vis-à-vis de sa propre création. Soumis au caractère d’airain de l’étiquette et des souveraines convenances, n’a-t-il pas cherché à échappé à l’atmosphère étouffante de Versailles en lui adjoignant Trianon puis en annexant Marly ? Alors même que le grand roi vit encore, Saint Simon se livre à une charge sans concession : « le beau et le vilain furent cousus ensemble, le vaste et l’étranglé (…) Les jardins (…) sont d’aussi mauvais goût. On n’y est conduit dans la fraicheur de l’ombre que par une vaste zone torride ». Et d’évoquer également « l’abondance des eaux forcées », « une humidité malsaine et sensible », « une odeur qui l’est encore plus », les « vastes ailes (qui) s’enfuient sans tenir à rien », un palais « si immense », « si immensément cher », « où le dernier étage et les toits manquent encore », « cette cruelle folie ». Et que dire des courtisans qui, sous Louis XV, se saisissent du moindre prétexte pour se rendre à Paris, de nouveau centre de la vie mondaine et artistique, de Louis XVI qui semble tant se plaire à Saint-Cloud ou à Rambouillet, de madame de Pompadour et de Marie-Antoinette qui feront respectivement du Grand et du Petit Trianon leur refuge. Un sentiment de répulsion que Montesquieu résume d’une phrase en comparant Versailles à la capitale : « je hais Versailles parce que tout le monde y est petit. J’aime Paris, parce que tout le monde y est grand ».
Avant même la Révolution, Versailles était passé de mode
L’atmosphère était trop oppressante, la volonté de tout maîtriser, tout contrôler, frisait la folie. Tout était trop précis, trop réglé, trop encadré. En un mot, trop inhumain. A force, l’idéalisation de la raison et de la volonté a fini par fatiguer et révulser. C’était inévitable. Si nul ne peut dire précisément quand l’idéal Versaillais a commencé à montrer des signes de faiblesses et décliner, Louis XIV a sans doute été le premier à manifester une certaine lassitude vis-à-vis de sa propre création. Soumis au caractère d’airain de l’étiquette et des souveraines convenances, n’a-t-il pas cherché à échappé à l’atmosphère étouffante de Versailles en lui adjoignant Trianon puis en annexant Marly ? Alors même que le grand roi vit encore, Saint Simon se livre à une charge sans concession : « le beau et le vilain furent cousus ensemble, le vaste et l’étranglé (…) Les jardins (…) sont d’aussi mauvais goût. On n’y est conduit dans la fraicheur de l’ombre que par une vaste zone torride ». Et d’évoquer également « l’abondance des eaux forcées », « une humidité malsaine et sensible », « une odeur qui l’est encore plus », les « vastes ailes (qui) s’enfuient sans tenir à rien », un palais « si immense », « si immensément cher », « où le dernier étage et les toits manquent encore », « cette cruelle folie ». Et que dire des courtisans qui, sous Louis XV, se saisissent du moindre prétexte pour se rendre à Paris, de nouveau centre de la vie mondaine et artistique, de Louis XVI qui semble tant se plaire à Saint-Cloud ou à Rambouillet, de madame de Pompadour et de Marie-Antoinette qui feront respectivement du Grand et du Petit Trianon leur refuge. Un sentiment de répulsion que Montesquieu résume d’une phrase en comparant Versailles à la capitale : « je hais Versailles parce que tout le monde y est petit. J’aime Paris, parce que tout le monde y est grand ».
Avant même la Révolution, Versailles était passé de mode
Le fait est là : lorsque la révolution survient, la splendeur grand siècle n’est déjà plus de mise. Question de moyen mais aussi de goût. L’architecture des XVIIe et XVIIIe siècles est en passe d’être occultée par le style néo-classique puis par un engouement très romantique pour l’histoire et l’art médiéval. En matière de jardins, lignes sinueuses et dissymétriques de paysages sortis tout droit des peintures éclipsent les lignes droites et les motifs géométriques de Le Nôtre. Plus qu’une mode, le jardin à l’anglaise exprime la double tentation de diviniser l’art et la nature. Amoureux des ruines de l’Antiquité et concepteur à l’occasion de compositions paysagères, le peintre Hubert Robert imprègne le bosquet des Bains d’Apollon, le jardin anglais du Petit Trianon et le hameau de la Reine d’un esprit où la végétation semble avoir doucement repris ses droits. Au point que lorsque la Révolution survient, les feux de l’art versaillais semblent déjà sur le point de s’éteindre.