André Le Nôtre

Versailles vu par Alphonse Bertrand (1846-1926)

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Après avoir, en des déclamations renouvelées de Rousseau, et quelque peu de Fénelon, évoqué « la voix douloureuse qui sort de ces murs, comme s’ils étaient l’écho où viennent se répercuter les soupirs des peuples, » le sauvage de la Nouvelle-France, qu’avait transporté, des bords de l’Ohio à Versailles, l’imagination du chantre de René, ne pouvait se refuser à admirer « la façade entière du palais, semblable à une immense ville ; ces cent degrés de marbre blanc conduisant à des bocages d’orangers ; ces eaux jaillissantes au milieu des statues et des parterres ; ces grottes, séjour des esprits célestes ; ces bois où les premiers héros, les esprits les plus divins erraient en méditant les triples merveilles de la guerre, de l’amour et du génie… » Et, comme conclusion, c’était à la vue de ces merveilles que l’exotique et emphatique personnage « commençait à entrevoir une grande nation où il n’avait aperçu que des esclaves » et, nous dit Chateaubriand, « il rougit de sa superbe. »

Aujourd’hui comme alors, malgré la différence des temps, — et tout récemment on en eut d’illustres témoignages, lors de plusieurs visites souveraines, — l’impression ressentie, à la vue de Versailles, par l’étranger qui y vient pour la première fois, ne diffère pas beaucoup de celle qu’a traduite l’auteur des Natchez ; il s’y ajoute bientôt cette sensation de mélancolique apaisement, qu’exprimait André Chénier en des vers immortel, et qui, naguère encore, faisait dire à un homme longtemps mêlé aux agitations des luttes politiques et religieuses : « Calme et oubli, celui qui les cherche, les trouve à Versailles. »

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