(…) Oui, lui dis-je, c’est Versailles, et cette vue qui n’est ni trop étendue ni trop bornée, et qui a beaucoup de diversité en peu d’espace, est assurément belle (…) il faut poser pour règle générale que l’Art embellit la nature; que les palais sont plus beaux que les cavernes; que les jardins bien cultivés sot plus agréables que les landes stériles (…) On voit de cet appartement (celui du Dauphin – NDLR) un grand jardin de fleurs fermé d’une balustrade dorée, un rondeau au milieu avec cette vue champêtre au)delà, ornée d’un temple rustique. Et comme il y a certaines fleurs qu’on appelle des Immortelles, parce qu’elles ne passent point, je pense qu’on pourrait appeler ce jardin d’un nom approchant de celui-là; car on y voit des fleurs en toutes saisons (…) On voit de ce lieu-là (le « Grand salon », la galerie des Glaces ? NDLR) devant soi plusieurs grands parterres, avec des rondeaux et des jets, et au-delà de ces parterres, de ces jets et de ces gerbes d’eau, un canal de quatre cents toises de long et de seize de large (…)
La Promenade de Versailles – Madeleine de Scudery